Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

EdnaMendes - Page 3

  • Tetris

    Il aligne trois mots, je les reçois sur mon écran et je ne sais plus qui je suis. J'oublie tout. Le temps se fige en une image d'espoir. Avec en bruit de fond mon coeur qui s'emballe, cavale, détale. J'imagine déjà ses lèvres sur les miennes, et mon corps qui me lâche pour ne faire qu'un avec sa chair. Je me blottis contre lui, je respire son parfum qui m'entête et me fait perdre la tête. Il m'envoie trois mots et je me perd. J'espère. Je suis de mon doigt la boucle de ses lettres, et c'est tout comme si je parcourais son corps. Je lie, je délie, je fais des boucles. La cédille vers le bas toute douce, sonne à mes oreilles comme un baiser. Le coucou chante des mélodies gaies d'amour. Il ne m'oublie pas. Tu ne m'oublies pas dis? Ou peut être que si? Tu joues à l'ami. Mon ami, mon aimé. Il compose trois mots et je lui donne tout. Mon monde. Ma ronde autour de lui. Il a noirci l'infime partie d'une page toute blanche pour moi. Ses pensées ont été toutes à moi pendant quelques secondes. Des secondes à nous. Tout un roman dans trois mots qui disent tout. Hier, aujourd'hui, demain. Je me rappelle que j'étais à lui, je lui disais oui, je lui disais encore. Encore des baisers, encore des caresses, encore. Et un jour il m'a dit ça suffit. Je retourne à mon célibat et c'est bien mieux comme ça, sans toi. J'ai grimacé, comme une enfant. Mais non, ce n'est pas assez, ça suffit pas. Et ce que je veux moi, il s'en fout. C'était lui cette fin. C'était lui cet oubli. Moi, je n'ai rien oublié, et les trois mots qu'il m'écrit tintent à mon âme. Et je me dis que demain peut être...Peut être que si. Avec des si on refait le monde, avec mes si, je refais notre histoire. Notre histoire qui n'est plus rien, qu'un conte de fée que je pourrais mettre en prose pour des petites filles en mal d'amour. Il était une fois un Prince Charmant...Si j'arrétais de plâner? Je ne suis pas une princesse. Je reçois trois mots et je m'envole, alors que vu d'en bas. Vu d'en bas, notre histoire n'a été qu'une promesse non tenue à laquelle j'ai continué à croire par accident. Et si on ne tiens pas ses promesses, s'il n'a pas tenu sa promesse, il ne mérite pas mes yeux remplis d'étoiles. Alors ces trois mots, je les met dans la corbeille. Et la corbeille elle y croira surement plus que moi.

  • En bas

    De là-haut tout est plus grand. Plus beau. Plus loin. Et l'horizon est si proche. Je n'ai plus peur. Je me sens si petite devant cette immensité. Petite, petite, comme une enfant. J'ai gravi tout ces étages, pour me retrouver. Prendre de la hauteur. Et j'ai monté ces trente six étages avec le nez en l'air. Je chantonnais pour me donner du courage, parce qu'arrivée au dixième étage j'ai voulu m'arrêter. Trop dur, trop dur. Et si j'avais pris l'ascenseur ça aurait été trop facile. J'ai donc escaladé l'immeuble, marche après marche. Et surtout ce n'était pas beau. Une cage d'escalier c'est gris, et sale, et froid. Tout ça a la fois. Mais là haut, j'oublie. J'oublie que ça a été si dur. Ici, c'est beau, et mes yeux s'agrandissent de bonheur. J'entends mon coeur qui bat si fort. Avec le vent qui siffle à mes oreilles. C'est le même rythme. Entraînant, comme du jazz. Je me met à danser, je virevolte avec le vent, je le prend dans mes bras et fais mine de l'embrasser. J'embrasse le monde, j'embrasse le ciel, les nuages. Je regarde en bas. Les gens sont si petits. Petits mais préssés, ils vont si vite, qu'on dirait un film en accéléré. Ils marchent en courant, ils flânent en trottant. Ils ne voient rien. Quel le ciel est bleu, que les nuages sont cotonneux. Ils sont aveugles mais ne se heurtent à rien. Alors je crie pour qu'ils me voient, je crie fort et personne ne lève la tête vers moi. Ils sont sourds aussi. Je suis seule sur mon toit, et me sens plus seule encore parce qu'en bas ils ne se soucient pas de moi. Voilà pourquoi je suis là. Je voulais voir la vie d'en bas de plus haut. Et leur vie n'est pas belle. Je voudrais faire la ronde avec eux, mais ils marchent à la queue leu leu les uns derrières les autres sans se toucher. S'ils se touchent ça les dérange. Mais je veux qu'on me touche, qu'on m'effleure. Je leur hurle encore en bas que je veux danser, que je veux vivre. Mais ça n'intérresse personne.

    Alors je saute. Et pendant que je tombe je me dis tan pis pour eux.

  • Dans le noir

    Les mains douloureuses, cramponées au manche glacé de ma dague j'attends. J'entends son souffle rauque et rageur. Il me cherche, ne me trouve pas et ça le contrarie. Pire, il est entré dans une rage folle et je peux imaginer son visage rougir de fureur. Je respire lentement, j'essaie. S'il m'entend, je sais que ma lame finira sa course dans sa poitrine. Je sais que s'il me trouve c'est sur moi que sa colère s'abattra. Ses coups je les ais subis si souvent que je les connais par coeur. Quand sa main gauche se transforme en poing et qu'il me fait regretter d'avoir souri ou parlé. Quand son genou me plaque au sol pour m'empêcher de bouger et pouvoir m'atteindre plus facilement. Je reconnais le bruit du vent chassé par une de ses gifles puissantes qui laisse ma joue droite brûlante de douleur. Je n'oublierais jamais l'empreinte de ses chaussures sur la peau blanche de mon ventre. Une empreinte rouge qui deviendra violette, puis bleue, puis noirâtre. Les années ont passées et mes côtes se sont cassées les unes après les autres, et moi je suis restée. Mon reflet n'était même plus beau. J'étais fade, amère, effacée. Mon regard était aussi vide que le bocal de mes poissons rouges depuis qu'il les avait avalés. Je pensais n'avoir plus jamais foi en rien. Je m'étais faite à l'idée qu'un jour il frapperait plus fort, si fort que je ne m'en relèverais pas et enfin je serais libre. Je m'étais résignée et je subissais ses coups, passive, je ne bronchais pas. Je n'avais même plus de larmes pour pleurer. J'attendais la fin simplement.

    Jusqu'à ce que je découvre ce petit trait rose. Une petite ligne droite qui me paraissait s'étendre à l'infini. La vie était là. En moi. Et cette vie là serait rose. Ce rose allait balayer tout le noir qui s'était étendu autour de moi et qui m'embrumait le cerveau. J'étais en vie. Et je portais la vie. Je voulais rester en vie, pour donner vie à ce petit trait rose et que jamais il ne s'arrête.

    Je l'entend qui m'appelle, sa voix est déformé par la haine. Je ne dis rien, j'ai peur, mais je sais que je gagnerais cette bataille. Il hurle, tape dans les murs avec une énorme branche d'arbre, il jure que s'il me trouve il me tuera et je sens mes jambes se dérober. Je doute d'être assez forte pour l'affronter mais il le faut. J'entends ses pas qui s'approchent, je m'enfonce plus loin dans le placard, même si je sais qu'il finira par me trouver, et que la dague dans ma main finira par le trouver aussi. Il soufflait comme un taureau en râlant. Comme s'il souffrait. Il bave. Je tremble en attendant qu'il me trouve.

    Quand il a ouvert la porte du placard, j'ai senti toute peur me quitter j'étais prête. Je l'ai regardé droit dans les yeux quand j'ai enfoncé ma lame dans sa chair, directement dans le coeur. S'il en avait un, il avait cessé de battre.

  • Le Cynique

    J'étais un enfant. Et quand on est enfant vu d'en bas le monde est plus beau, plein de promesses. Mon innocence était belle. Je croyais qu'être adulte c'était quelque chose de formidable. J'avais hate de grandir pour qu'on me prenne au sérieux, pour ressembler à mon père, pour faire comme lui. Je me disais que les grands pouvaient tout, qu'ils n'avaient peur de rien, pas comme moi qui avait peur des monstres sous mon lit et du noir quand ma mère me mettait au lit. Je voulais grandir et ne plus avoir besoin de veilleuse. Quand mon père rentrait du travail la mallette à la main , je m'imaginais qu'il avait vécut plein d'aventures, qu'il passait des journées comme dans les films, pleines d'action et de rencontres et de combats. Mon papa c'était le plus fort, ma maman la plus belle et je voulais être comme eux. Je voulais tout savoir comme mon père quand ils répondait à mes questions. Il savait tout et je le regardais avec d'immenses yeux admiratifs. C'était mon idole mon père, même mon GI joe ne lui arrivait pas à la cheville.

    J'étais un adolescent. Et quand on est adolescent, le monde c'est de la mélasse. La réalité de la vie nous colle à la peau. Et cette réalité nous donne des boutons. Les adultes ne sont que de pâles imitations les uns des autres, incapable de penser par eux même. Tous pareils, avec leur petite vies misérables. Tellement misérables qu'ils ne peuvent s'empecher de lorgner chez le voisin et de cracher sur ce qu'ils y voient. Et moi j'étais là, j'apprenais qu'en fait être adulte c'est être condamné à l'eternelle insatisfaction. Au lieu de garder la tête droite, ils la levaient sans cesse en l'air pour voir plus haut. "Viser plus haut", une expression à la con pour ceux qui se sentent minable et à raz du sol. Mon père me disait que dans la vie il fallait viser haut pour reussir. Mais haut jusqu'où? Et j'étais là avec mes potes à esquiver la pression familiale. Les grandes personnes projettent sur leur progénitures leurs actes manqués. Nous sommes des sortes de pantins articulés pour qu'ils puissent s'amender de leurs échecs personnel. Des sortes de faire valoir aux yeux de leurs amis. Mon fils sera avocat, médecin, chef d'entreprise. Oui, mais nous on a des joints qui nous font viser plus haut en planant. Et moi les joints ça me plait parce que devenir avocat ça me dérange. Je préfèrerais même devenir éboueur.

    Je suis adulte. Pas par accident vous vous en doutez. Et quand je vois tout les gens autour de moi, comme des moutons qui se suivent et se ressemblent j'ai envie de tirer dans le tas. La connerie m'entoure où que je regarde. Je ne crois en rien, même pas en moi. J'essaie de viser haut, mais l'inaction me cloue au sol. Je garde le nez en l'air en me disant qu'un jour j'atteindrais ma cible. Je crache sur le système et la société qui fait de nous ce que nous sommes. J'en veux à chacun d'être comme il est et à moi d'être comme je suis. Chaque matin est un calvaire car une nouvelle journée à affronter. Je me lève avec une espèce de rage sourde a ventre et en attendant que ça passe je maudis le monde d'exister. Parfois j'ai hate que tout ça prenne fin et je cherche mon avenir au fond d'un verre de très bon whisky.

  • A l' Imparfait

    Imparfaite. Mais ses ratages étaient toujours beau.

    Un matin elle m'a dit au revoir et dès lors j'ai cessé de ne plus l'attendre. J'avais cette petite demoiselle au creux de ma main. Je l'ai laissé filer. Je l'attend encore. Toujours. Je ne cesserais plus jamais. Elle était dans ma vie comme une toile de maître à laquelle on ne fait plus attention. Somptueuse, précieuse, présente et pourtant invisible. Qu'avait elle de plus que les autres? Assurément quelque chose qui ne se voit pas, et qui m'a trifouillé jusqu'au tréfonds de ma personne. Et lorsqu'elle a décidé de contourner mon manque d'attention pour aller exhiber ailleurs sa frimousse j'ai cru perdre pied. Elle voulait être le centre de ma vie, je l'avais relégué sans le faire exprès à un rang en dessous de ce qu'elle attendait.

    Un matin je lui ais dit au revoir.  J'ai passé tant de temps à l'attendre. Ma patience à découvert ses limites. Ma patience s'est rebellée et j'avais à coeur de soigner mon coeur. Egoïste. Je le suis parfois. Je donne à qui veux et à lui bien plus. Plus qu'il n'aurait fallu. Il m'émerveillait. Mais je me lassais de donner. Je voulais qu'on me donne aussi. Je suis là aussi, j'ai un coeur aussi et mon sourire n'est pas en carton.

    Il faisait froid et quand je l'ai vu partir je suis resté de glace. Elle s'en allait l'effrontée. Et le lendemain j'avais toujours froid mais j'étais chez moi, elle n'y étais pas. Et ses défauts me manquaient. J'aurais donné beaucoup pour une minute avec elle. J'aurais profité des soixantes secondes avec déléctation et peut être qu'après j'aurais pu la laisser s'en aller sans grimacer. Toutes ces années qu'elle a passé avec moi je n'avais pas profiter d'elle. Je la savais tout près, présente, je m'en étais fait une raison. J'ai oublié qu'elle n'était pas eternelle. Je n'ai pas pensé qu'elle pourrait s'en aller. Quand on a quelque chose de précieux, quand on a une chose qu'on risque de perdre, on y fait attention comme à la prunelle de ses yeux. Pour elle je ne savais pas, ou je n'ai pas voulu savoir. Je pensais qu'elle serait toujours là. Elle faisait partie intégrante de mon décord. Et maintenant qu'elle n'est plus là, à sa place il reste un vide.

    Je profite mal de ma vie sans lui. Je m'étais presque habituée à son ignorance. A son regard qui glisse sur moi sans vraiment me voir. Et là je suis seule, je regrette presque d'avoir quitté ma place bien au chaud chez lui.  Je pensais que j'irais mieux sans lui. J'ai fui comme si j'étais coupable. J'aurais du me rebeller. Crier et lui montrer que j'étais là. Si j'avais hurler, il aurait fait attention à moi. Il m'aurait vu. Ses yeux se seraient posés sur moi. Et ils m'auraient vus. Moi. Mais je ne suis plus là. Je suis ici, sans lui.

  • Consumes toi

    Le petit tas de cendres laissait s'échapper une fumée claire. Comme ta peau. Ta peau blanche qui sentait la rosée du matin. Dans l'âtre de la cheminée, la cendre était si belle que je suis resté là à l'admirer. Comme je t'admirais quand tu dormais, immobile, le souffle lent. Je n'ai pas oublié tu vois? Tu disais que je ne faisais pas attention à toi. Mais je te connaissais par coeur. Le moindre grain de ta peau, la moindre intonation de ta voix. Je pourrais même reproduire ta façon de sussurer les je t'aime. J'ai glissé ma main sur le tas de cendres et ça m'a brulé. Une morsure de toi qui voulait me faire mal une dernière fois. Après avoir passé ton temps à me reprocher tout ce qui ne te satifaisait pas, après m'avoir attribué tout les défauts du monde sans égards pour mes yeux qui se posaient sur toi avec un amour si grand qu'il ne tenait pas tout entier à l'intérieur de moi, après tout tes refus de ma tendresse. Il a fallut que tu me mettes KO. Je peux te le dire maintenant. Ca me fait bizarre d'entendre ma voix s'élever enfin dans mon appartement. Puisque c'est enfin le mien maintenant. Je peux enfin m'exprimer devant toi sans que tu ne m'ôtes la parole. Je t'ais vu. Oui je t'ais vu jeudi dernier  avec lui.Tu l'as invité à manger ne nie pas. Je vous ais vu flirter en dégustant le dîner que tu lui avais préparé avec amour, alors que moi tu me laissais crever de faim sans honte. Je te voyais minauder avec ton sourire de salope pour l'attirer dans ton lit. Notre lit. Mon lit. Et comme tous les hommes un peu faible il s'est laissé faire. Il a posé ses mains sur ton corps frémissant de désir et je vous ais vu ne faire plus qu'un. Toi et moi, c'était toi et moi. Nous avions été un, et un jour tu as rejeté la greffe. Et devant mes yeux ce jour là je vous ais vu ne faire qu'un, tu gémissais, tu tremblais, sauvage et sensuelle. Je me suis senti durcir et je t'ais détesté de me faire ça. Je te désirais depuis si longtemps que je bandais en te regardant faire l'amour avec un autre. J'avais chaud, si chaud. Et ce spectacle dont je ne pouvais détourner le regard me brulait les rétines, ça me faisait mal. Voilà pourquoi tu n'es plus qu'un tas de cendre maintenant. Tu as brûlé mon amour. Je vais garder tes cendres. Et peut être qu'un jour je soufflerais dessus pour t'oublier.

  • Naturelle

    Mes longues mèches noires et lisses tombent devant mes yeux. Plus je coupe et plus j'ai le coeur lourd. Je ne sais pas très bien où je vais, ce que je fais. Je sais pourquoi. Ca fait des mois que j'y pense. J'ai tout lu, tout vu, j'ai toutes les raisons de le faire. Sauf que mes jambes tremblent et je ne suis plus sure. Je relève la tête vers le miroir et en voyant ma tête à moitié nue je sais que je dois continuer. Je coupe, je coupe, je coupe. Ma main est moins rigoureuse qu'au début, la peur me prend au ventre et je me demande ce qui m'a pris à moi. Je ne suis pas une révolutionnaire, alors quoi? Qu'est ce que je veux prouver? Bon. J'arrête, je respire. J'observe mes petite bouclettes apparues à la place de ma tignasse défrisée. Je passe ma main dans mes cheveux. Et la sensation est extraordinaire. C'est à moi ça. A moi, a moi. Mes petite boucles crépues que j'avais oubliées. Depuis treize ans que je traite mes cheveux chimiquement pour qu'ils soient lisses et beaux, je ne savais plus que c'était ça. Ma beauté vraie. Mes cheveux afro. Tout doux sous ma main, tout fragiles. Je souris. Bah voilà ce que je cherchais. Ma main retourne au travail et coupe encore. Et je souris toujours. Je  me sens si légère. Plus je coupe et plus je plane, comme sur un nuage. Il va falloir m'habituer, c'est tout nouveau tout ça. J'ai fini! Je regarde partout autour de moi mes anciennes mèches. Le "bon" cheveu. C'était un défrisage tout les trois mois. Deux à trois brushing par semaine. Et plein de soins tout le temps. Adieu cheveux chimiques! En contemplant mon reflet je suis fière. Mon nouveau moi! Toute étonnée de decouvir mes vrais cheveux. Je passe et repasse ma main. Je redécouvre. J'aime!

  • Mon fantôme

    Où que j'aille je traîne ce poids. Lourd comme une enclume qui m'ancre plus bas que terre. Et je me pare de mon plus faux sourire pour faire comme si. Comme si tout était beau. Comme si j'étais heureux. Comme si encore tout les soirs je m'asseyais à notre table pour déguster le dîner qu'avec amour tu avais préparé. Devant le miroir j'ai les yeux fuyant. Je ne peux plus croiser mon regard et ma barbe s'épaissit jour après jour. J'ai le teint cireux, mais mon faux sourire m'accompagne et je dis que je travaille trop, je dis que je dors mal car les voisins sont bruyants. Mais ce sont mes pensées les plus bruyantes qui s'agglutinent à la queue leu leu pour laisser s'étendre les remords. Je me mord les lèvres aux sang, j'ai froid et chaud et j'éclate d'un  rire sonore comme un dément la nuit. Le matin je me lève hagard d'avoir passé une telle nuit et où que j'aille je traîne ce poids. Je suis prisonnier de ma peine. Incarcéré dans ma culpabilité. Toi seule, peut me libérer, mais tes yeux me suivent et me haïssent. Ton regard me fait peur, et je sens ta présence. Je sais que tu veux te venger. Tu glaces mon sang, et ça te plait. Je le vois ton demi sourire qui ressemble tant à une grimace. Mes mains se rebellent. Elles ne font plus ce que je leur dit. Elles écrivent des mots sans que je n'ai rien demandé. Des lettres rouges vif qui forment ton prénom. Que je n'oublierais jamais. Comme si tout les soirs tu venais enlacer tes pieds glacés contre mes jambes, et que je sentais ton souffle chaud dans mon dos. Tu parsemais un peu de toi dans ma vie sans me laisser le choix. Quelques cheveux roux dans ma salle de bain, quelques livres sur mon canapé, et ton parfum dans l'air. Ton parfum qui m'enveloppait comme un plaid en hiver. C'était toi et je me rappelle chaque secondes de chaque minutes de chaque heures que tu pouvais passer juste à me regarder ou flâner dans ma chambre sans daigner la quitter. Tu souriais comme si j'étais une merveille absolument extraordinaire et tu sussurais de drôles de mots à mes oreilles. Je cueillais tes baisers comme des fleurs en été. C'était comme du miel et j'ai fini par ne plus pouvoir m'en passer. Je te voulais, toi, je voulais tes cheveux partout, tes baisers sur mes joues, tes pieds, je te voulais entière tout le temps. Et tu t'es lassée. Tu ne flânais plus, ton parfum avait déserté, tu ne laissais plus tes cheveux traîner. Tu devenais jour après jour un fantôme, et je savais que tu allais le devenir pour de vrai. J'ai seulement voulu t'y aider. Et que tu restes mon fantôme. Que tu me hantes comme tu le fais déjà si bien. J'ai pris ta vie pour que tu ne l'offres à personne d'autres. Elle m'appartenait ta vie. Tu l'avais étalé chez moi et je voulais la garder. Mes mains ont sérrés ton joli cou blanc et te voilà à moi pour toujours.