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Dans le noir

Les mains douloureuses, cramponées au manche glacé de ma dague j'attends. J'entends son souffle rauque et rageur. Il me cherche, ne me trouve pas et ça le contrarie. Pire, il est entré dans une rage folle et je peux imaginer son visage rougir de fureur. Je respire lentement, j'essaie. S'il m'entend, je sais que ma lame finira sa course dans sa poitrine. Je sais que s'il me trouve c'est sur moi que sa colère s'abattra. Ses coups je les ais subis si souvent que je les connais par coeur. Quand sa main gauche se transforme en poing et qu'il me fait regretter d'avoir souri ou parlé. Quand son genou me plaque au sol pour m'empêcher de bouger et pouvoir m'atteindre plus facilement. Je reconnais le bruit du vent chassé par une de ses gifles puissantes qui laisse ma joue droite brûlante de douleur. Je n'oublierais jamais l'empreinte de ses chaussures sur la peau blanche de mon ventre. Une empreinte rouge qui deviendra violette, puis bleue, puis noirâtre. Les années ont passées et mes côtes se sont cassées les unes après les autres, et moi je suis restée. Mon reflet n'était même plus beau. J'étais fade, amère, effacée. Mon regard était aussi vide que le bocal de mes poissons rouges depuis qu'il les avait avalés. Je pensais n'avoir plus jamais foi en rien. Je m'étais faite à l'idée qu'un jour il frapperait plus fort, si fort que je ne m'en relèverais pas et enfin je serais libre. Je m'étais résignée et je subissais ses coups, passive, je ne bronchais pas. Je n'avais même plus de larmes pour pleurer. J'attendais la fin simplement.

Jusqu'à ce que je découvre ce petit trait rose. Une petite ligne droite qui me paraissait s'étendre à l'infini. La vie était là. En moi. Et cette vie là serait rose. Ce rose allait balayer tout le noir qui s'était étendu autour de moi et qui m'embrumait le cerveau. J'étais en vie. Et je portais la vie. Je voulais rester en vie, pour donner vie à ce petit trait rose et que jamais il ne s'arrête.

Je l'entend qui m'appelle, sa voix est déformé par la haine. Je ne dis rien, j'ai peur, mais je sais que je gagnerais cette bataille. Il hurle, tape dans les murs avec une énorme branche d'arbre, il jure que s'il me trouve il me tuera et je sens mes jambes se dérober. Je doute d'être assez forte pour l'affronter mais il le faut. J'entends ses pas qui s'approchent, je m'enfonce plus loin dans le placard, même si je sais qu'il finira par me trouver, et que la dague dans ma main finira par le trouver aussi. Il soufflait comme un taureau en râlant. Comme s'il souffrait. Il bave. Je tremble en attendant qu'il me trouve.

Quand il a ouvert la porte du placard, j'ai senti toute peur me quitter j'étais prête. Je l'ai regardé droit dans les yeux quand j'ai enfoncé ma lame dans sa chair, directement dans le coeur. S'il en avait un, il avait cessé de battre.

Commentaires

  • J'aime comme d'habitude...
    T'ai je dis que tu me manque?

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