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  • Perdre

    Etre près d'atteindre son but et chuter lourdement. L'asphalte fait mal. J'ai des bleus qu'on voit de loin. Fluorescents. Quand on tombe, plus c'est haut, plus le bruit est saisissant. Assourdissant. Mes oreilles bourdonnent, j'en ai le vertige et mon sang est bouillant. Je brûle d'une rage qui circule dans mes veines. 

    Si la vie ne tient qu'a un fil, j'y tiens en équilibre. Je tangue. Plus d'une fois j'ai chuté. Le fil ne rompt pas, il accompagne ma chute pour me recueillir. Comme une main tendue par le sort. Il a beau s'acharner et me piétiner le coquin, je survis et traverse cette vallée ironique d'un pas presque vaillant. 

    On me donne à droite et on reprend à gauche. Je m'élance mais je pars en vrille. Perdre du terrain sur mon avancée. Reculer. Revenir sur mes pas et compter les chutes. Arrivé à cent, faire demi-tour? Changer de voie? Je suis tombée trop souvent et s'acharner m'épuise. Trouver le sens à ce combat inutile. 

    Il n'y a pas de sens, juste le fil de la vie qui me maintient en éveil, suspendue à ce but. Je ne le perd pas de vue mais m'aveugle à trop m'obstiner. Mes émotions se troublent. Mes sentiments se noient dans la rancoeur et la déception. L'apnée me gonfle la poitrine et je suis à bout de souffle. 

    Le temps s'allonge et parait une éternité hors de moi.

  • Rien.

    Le vide, c'est le manque. L'absence. La perte et l'abandon. Fouille et tu ne trouveras rien, juste un petit rien, un grand abysse noir. 

    L'univers est vaste. Mon univers se perd dans mes attentes, mes espoirs. Si tu n'espères rien, tu ne perd rien. Si tu ne prie pour rien, ta foi disparait. Et dans l'attente je me perd. Je me perd, je tombe. Et me relève. Pour aller où? Juste continuer ma route. Le chemin tracé. Vers où. Au delà du rien. Ce que j'ai est précieux. Au delà du vide, ce que je possède est mon tout. 

    L'univers est vaste. Mon univers atteint les limites des rêves qui m'ont portés. Quand mes rêves tombent, je tombe, je chois. En apesanteur je change, je vire, je renonce. Renoncer pour survivre. 

    L'univers est vaste, les étoiles nombreuses mais de ciel je n'en connais qu'un. De moi, il n'y en a qu'une. Je me sauve pour exister plus fort. Au delà de mon coeur saignant. Au delà de mes larmes chaudes. Au delà de mon ventre vide et purulent. Je suis debout, je m'oublie. J'expire hors de moi. 

    Hors de moi ces vies qui n'ont comptées pour personnes d'autres que moi, ces âmes qui m'ont habitées l'espace d'un inspire, pour laisser leur empreintes dans mes entrailles. Ces présences fantômes qui me hantent et font parties de mon histoire. De cette unique moi sur l'asphalte. 

    L'univers est vaste et je suis si petite que je ne me vois plus. Je ne compte plus ces marches ratées, ces chutes entamées, ces batailles inachevées. Le sang sur mes mains, le sang entre mes cuisses témoignent de ma barbarie permanente. Toujours ces coups de poignards au milieu de moi que je m'inflige.

    Le vide c'est le manque. Le vide est un deuil eternel.