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Le Cynique

J'étais un enfant. Et quand on est enfant vu d'en bas le monde est plus beau, plein de promesses. Mon innocence était belle. Je croyais qu'être adulte c'était quelque chose de formidable. J'avais hate de grandir pour qu'on me prenne au sérieux, pour ressembler à mon père, pour faire comme lui. Je me disais que les grands pouvaient tout, qu'ils n'avaient peur de rien, pas comme moi qui avait peur des monstres sous mon lit et du noir quand ma mère me mettait au lit. Je voulais grandir et ne plus avoir besoin de veilleuse. Quand mon père rentrait du travail la mallette à la main , je m'imaginais qu'il avait vécut plein d'aventures, qu'il passait des journées comme dans les films, pleines d'action et de rencontres et de combats. Mon papa c'était le plus fort, ma maman la plus belle et je voulais être comme eux. Je voulais tout savoir comme mon père quand ils répondait à mes questions. Il savait tout et je le regardais avec d'immenses yeux admiratifs. C'était mon idole mon père, même mon GI joe ne lui arrivait pas à la cheville.

J'étais un adolescent. Et quand on est adolescent, le monde c'est de la mélasse. La réalité de la vie nous colle à la peau. Et cette réalité nous donne des boutons. Les adultes ne sont que de pâles imitations les uns des autres, incapable de penser par eux même. Tous pareils, avec leur petite vies misérables. Tellement misérables qu'ils ne peuvent s'empecher de lorgner chez le voisin et de cracher sur ce qu'ils y voient. Et moi j'étais là, j'apprenais qu'en fait être adulte c'est être condamné à l'eternelle insatisfaction. Au lieu de garder la tête droite, ils la levaient sans cesse en l'air pour voir plus haut. "Viser plus haut", une expression à la con pour ceux qui se sentent minable et à raz du sol. Mon père me disait que dans la vie il fallait viser haut pour reussir. Mais haut jusqu'où? Et j'étais là avec mes potes à esquiver la pression familiale. Les grandes personnes projettent sur leur progénitures leurs actes manqués. Nous sommes des sortes de pantins articulés pour qu'ils puissent s'amender de leurs échecs personnel. Des sortes de faire valoir aux yeux de leurs amis. Mon fils sera avocat, médecin, chef d'entreprise. Oui, mais nous on a des joints qui nous font viser plus haut en planant. Et moi les joints ça me plait parce que devenir avocat ça me dérange. Je préfèrerais même devenir éboueur.

Je suis adulte. Pas par accident vous vous en doutez. Et quand je vois tout les gens autour de moi, comme des moutons qui se suivent et se ressemblent j'ai envie de tirer dans le tas. La connerie m'entoure où que je regarde. Je ne crois en rien, même pas en moi. J'essaie de viser haut, mais l'inaction me cloue au sol. Je garde le nez en l'air en me disant qu'un jour j'atteindrais ma cible. Je crache sur le système et la société qui fait de nous ce que nous sommes. J'en veux à chacun d'être comme il est et à moi d'être comme je suis. Chaque matin est un calvaire car une nouvelle journée à affronter. Je me lève avec une espèce de rage sourde a ventre et en attendant que ça passe je maudis le monde d'exister. Parfois j'ai hate que tout ça prenne fin et je cherche mon avenir au fond d'un verre de très bon whisky.

Commentaires

  • a quand un texte sur l'honnêteté? il y a matière

  • Ouh Marc est HS! comme d'hab je suis fan!!

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