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  • Mon cercle

    Tourner en rond. Comme dessiner des boucles dans le temps. En attendant. T'attendre. Comme espérer. L'espoir qui me maintiens. 

    Je tourne en rond souvent, quand je t'attend. Peur de meubler le temps et que dès lors mes minutes, mes secondes et mes heures ne t'appartiennent plus. Quand le cercle est fermé plus rien n'en sors. Une brèche et la faille est immense. Je fais donc attention de bien maintenir cet espace clos. Pour ne plus que mes sentiments puissent fuir. Puissent te fuir. Quand les émotions ne débordent pas, tout est plus sage, moins de folie, alors tout est dit. A travers toi, je me mets à arpenter tes trottoirs. Ceux que tu empruntes sans t'attacher en venant vers moi. Les mêmes, dans tes pas, je foule ton sol, mais ce qui me manque c'est le temps que tu ne m'accordes pas et que je te vole. Le périmètre de cet oblique s'étend jusque là où je ne vois plus tes horizons. 

    Devinant tes exigences, douce, obéissante je me présente à toi. Par amour, j'ai suivi ton nord. Ma rose des vents je l'ais sur ton corps. En cherchant ton sud j'ai trouvé ma chaleur. Au creux de mon ventre le vide s'efface. Place à un trop plein de trop de choses, de trop de toi, trop de moi, pas assez de nous. Mon espoir, ma demande, ma prière qu'un jour tu as surpris. Tu as entendu ce qu'il reste. Les miettes du mal que tu as s'égrènent au milieu de moi. J'ai du mal à les calmer. Elles me rongent les angles. Mais le destin fait bien les choses je n'ai pas mis d'angles à mon cercle. Je tourne en rond et ta farandole autour de moi lie la danse que j'ai oubliée. Celle à laquelle tu ne m'as pas encore invitée mais que j'espère. De cet espoir qui me maintiens. Ma main te supplie de la prendre et de me suivre loin. Tu hésites par ma faute et je souffle sur les braises de ta douleur pour calmer la morsure qui te ronge. Je me tiens là, je te console, coupable que je suis. La peur qui m'a tétanisée ne me laisse pas de répit, alors je tourne en rond pour la fuir. Elle me suit, mais j'ai confiance dans mon espérance. Cet espoir qui me maintiens. 

  • Ancrée

    Avec déléctation je sentais la lame s'enfoncer dans sa chair. Une chair pas trop résistante. Elle appelait les dents acérées de mon couteau. Le bruit de la pointe qui pénètre dans son cou si tendre me fit frémir de plaisir. J'en avais la chair de poule. Une agréable sensation d'achèvement s'empara de moi. Il avait à peine résisté. M'avait laissé lui asséné le coup de grâce sans vraiment broncher. D'un profond sommeil, il est passé à un sommeil éternel. Ses yeux ont papillonné juste le temps de s'apercevoir que c'était moi et se sont refermés aussitôt. Comme s'il me donnait son accord, un dernier au revoir. Lorsque j'ai retiré ma lame, j'ai senti son dernier soupir s'offrir à moi. Enfin. Il n'était plus de ce monde. Il ne faisait plus partie de mon monde. Mon monde qu'il avait tant piétiné qu'il n'en restait que des miettes. Des miettes de souvenirs, miettes de bonheur, miettes d'espoirs qui jonchaient ma vie. Le voilà son crime. Avoir fait de ma vie une ombre. Je ne reconnais plus le reflet de mes prunelles. Hier pleines de vie, aujourd'hui embuées de larmes amères. Coupable de s'être tant et tant acharné sur ma carcasse que même une charogne qui passerait par là n'en voudrais pas. Mon crime est d'avoir continué à croire. Continué à y croire même longtemps après qu'il m'ait blessé tant et si bien que j'aurais du ouvrir grand les yeux. Au lieu de ça, aveugle, je le poursuivais. J'avais besoin du mal qu'il me faisait pour me sentir exister à travers lui. Je pensais, je croyais fort que c'était une façon de m'aimer. Mais cette façon là, m'a poussé à le haïr à petit feu. Me haïr aussi d'être faible, d'avoir été faible et de ne pas cesser. Si faible que la solution qui m'est venue est cette fin radicale. Barbare, comme notre amour. Une torture pour lui, un calvaire pour moi. Mais une fin idéale pour lui. Quelle sera la mienne? 

  • Neant

    Un silence sans son. Je revois ton dos s'éloigner. Devenir un point noir, comme un point à la ligne. Que d'un coup d'oeil je transforme en virgule. Donner une suite à notre au revoir. 

    Instants fugaces que l'on imagine éternels. Moments uniques. Passion. Découverte de toi. Tu me découvres, tu me lis, tu m'observes. Je t'apprends, je chante ta partition et tente de composer avec les morceaux de nous qui s'imbriquent. Je ne te connais pas, mais je te sais. Comme une leçon apprise il y a longtemps, qui un jour revient à mes souvenirs. Il manque pourtant des morceaux perdus au fil du temps. Les morceaux manquant, que toi seul peut me rappeler. Tu portes entre tes mains la moitié de mon sourire. Mes lèvres épousent les lignes de ta paume. Je sillonne ta ligne de vie pour y trouver mon ancrage. A mes oreilles ta voix résonne, même quand tu n'es pas là. Je respire l'odeur de ta peau. Mon nez frémit. Mon odorat s'affole. C'est ton odeur, et entre milles, je l'a reconnaîtrais. Mes doigts comme des tentacules pénètre ta chair. Si je pouvais j'irais plus profond. Chaque parcelle de ta peau, est lue, connue. Ta peau qui m'inspire milles vers. Ta peau qui me parle. Qui s'anime sous mon regard. Assoiffée de ce corps sous ma peau. Sur ma peau. Entre ma peau. Partout tu es. Partout tu règnes. 

    Et tu n'es plus là. Ton départ comme une fin. Une fin dont on ne sait rien. Un vide si intense qu'il me serre trop fort les poumons en m'empêchant de respirer. Souffle court, je n'ai plus que ton souvenir pour m'aider à respirer. J'expire en mémoire de ta main dans la mienne. J'inspire en pensant à tes lèvres sur les miennes. J'aime pas quand tu pars. C'est mal? J'aime pas quand tu me laisses. C'est égoïste? Tu ne m'appartiens pas. Et savoir que je te manque, ne suffit pas. Je réclame. Ta présence. Ton être près de moi. Mais tu n'es pas là. 

  • Parler

    Les mots. Comme des lames tranchantes qui peuvent détruire un instant de votre vie. Les phrases, comme des dagues trop aiguisées qui peuvent jeter une ombre sur une émotion. On n'aurait jamais du lui permettre de pouvoir les utiliser. Un peu comme donner un flingue à un enfant. Il dégaine de façon hasardeuse et tire sans vraiment viser. Pensant peut être que rien de mal n'arrivera. La blessure n'est jamais superficielle. Et mal soignée elle peut continuer à suinter longtemps. 

    Je l'ai souvent vu cracher sa haine, son dégoût, sa colère par des mots maladroits, mal choisis, mais des mots qui heurtent et résonnent encore longtemps après. Il prend son plaisir dans le fait de voir l'autre, au bout de ses mots, l'autre sur qui il a tiré, à terre. Je l'ai souvent vu faire. Il pense qu'on s'habitue. Mais qui s'habitue à avoir mal? Qui s'habitue à être sa cible? Pas moi. Le jour où j'ai été sa victime malheureuse, j'ai compris ce qu'elle pouvait ressentir. 

    Il y a un moment entre ses premières et ses dernières paroles où on sent son coeur se serrer si fort qu'on a mal à la gorge et on ne peut plus parler. Se défendre? Se serait jouer son jeu. Et tout le monde ne se sers pas de mots pour faire mal. La plupart des gens les utilise pour se dire des choses tendres. Pour avouer des secrets. Pour dire un amour. 

    Lui s'en sers comme d'une arme. 

  • Où est il?

    Son parchemin c'est son corps. J'apprend à lire cette langue étrangère racontée sur son anatomie. Je parcoure avec mon doigt les lignes. Je déchiffre ses mystères. Il sait les cacher. Mais avec patience j'élucide ses énigmes. A mes oreilles résonnent ses rires qui sont pour moi des indices. Au bout de mon enquête, lui. Il sera ma récompense. 

    Comme un papillon il virevolte autour de moi sans se poser vraiment. J'aimerais qu'il effleure ma vie plus souvent. Qu'il s'y pose. Qu'il y reste. Mais avoir des ailes, lui permet de voler, de se protéger de ce monde cruel qu'il regarde de ses yeux lucide mais emplis d'innocence. J'admire sa façon de se détacher de tout sans se détacher de rien. Lui, entend les murmures et les plaintes comme une musique de fond. Sans s'épancher. Il est là, il rayonne et m'attire comme un aimant.En tâtonnant  je m'approche, pour ne pas le brusquer. Comme un cerf, de toute sa splendeur il trône, il fait le fier, mais humble, toujours il l'est. 

    Je cherche la faille pour m'immiscer plus profond dans son coeur. Je me heurte parfois à un mur. Parfois j'avance plus loin et dès lors mon coeur s'emballe. Heureuse de sa présence. Heureuse de savoir qu'il existe quelque pars. Alors je prend mon mal en patience et je continue ma route vers lui. Ma cible? Son coeur.

  • Suivie

    C'est le premier homme de ma vie. C'est le permier que j'ai aimé. Le premier qui m'a touchée. Le premier que j'ai haï.

    Petite, je le contemplais avec de grands yeux admiratifs. Il représentait alors toute ma vie. Ma petite menotte dans sa grande main, j'aurais pu le suivre jusqu'au bout du monde. Je sais que si on tentait de me séparer de lui, je poussais de grand cris. Il était mon repère. Mon phare. Puissant. Sa force irradiait dans tout l'appartement. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il m'apprenne je le regardais des heures durant. Je ne me lassais pas. J'avais l'impression qu'il savait tout ce qu'il y avait à savoir et que quoi que je lui demande il saurait toujours me répondre.

    Quand un amour est inconditionnel, peux t'il tourner à la haine si vite? La vérité c'est que malgré toute ma haine, je l'aime encore.

    La première fois, j'ai senti sa présence derrière la porte avant même qu'il rentre. Partout où il était, je sentais sa présence avant même de l'apercevoir et ce jour là n'a pas fait exeption. Mon sourire s'est élargi lorsque je l'ai vu rentrer. Il était fébrile, tremblant. Ca ne m'a pas inquiété. J'avais toute confiance en lui. J'aurais gravi des montagnes si il me l'avait demandé. Ce qu'il cherchait ce soir là, c'était différent. Malsain. Mais je ne le savais pas encore. Mon coeur était heureux qu'il soit là près de moi. Il a posé ses mains sur mon ventre, et encore une fois la seule chose que j'ai ressenti c'est la chaleur que ce contact dégageait. J'ai mis longtemps à comprendre ce qu'il voulait. Ce qu'il était venu faire là. Dans l'obscurité de ma chambre. Il voulait que je me donne à lui. Que je m'ouvre à lui. Que mon corps lui appartienne.

    Quand un amour est inconditionnel, peux t'il tourner à la haine si vite?

    Mon admiration pour lui, ma confiance, mon amour tout entier à tourner à un sentiment de dégout profond. J'avais mal. Une douleur ténue. Sous ma peau. Mes dents sérrées m'empêchaient de pleurer. Mais j'avais mal à la machoire, dans la gorge, dans la poitrine. Partout. Pire, j'avais froid. Et après ça je n'ai jamais céssé d'avoir froid. Mon père m'a offert l'hiver.

  • Ma loi

    Je suis indécente. Je suis une salope. Les cuisses ouvertes à qui veut.

    Je ne suis qu'une putain. 

    Maman m'a dit que faire le trottoir ça permettait de manger. Je l'ai cru. Mais au final ça apporte bien plus. Mon bout de trottoir m'apporte un luxe inespéré. Maman mange grâce à moi, ça oui. Elle se gave même. A mes débuts elle était svelte et avait elle même son bout de trottoir. Deux ans de racolage sont derrière moi et elle attend toute joufflue que je ramène le fric.  Mon argent qui sent la queue.

    Cette odeur qui me colle à la peau. Je m'y suis faite. Une odeur forte et virile qui emplit mes narines du soir au matin. J'aime ça. J'ai appris le métier très jeune. Maman en connait toute les ficelles et elle m'a tout appris. 

    Je suis une poule pour homme en manque d'amour. Imaginez un peu! Les femmes les mettent à genoux et se permettent ensuite de ne plus les satisfaire. Vous pouvez être dégoutées, mesdames, par mon métier. Mais si vous vous occupiez un peu plus de vos maris, ils n'en seraient pas là. Je leur apporte ce que vous leur refusez. Une tendresse érotique, une présence charnelle. 

    Je ne suis qu'une putain. Mais mon commerce c'est le bonheur de vos hommes. 

    Jugez moi! Je le suis sans cesse. Jour après jour. Mais mes cuisses sont fermes. Je ne me laisse pas aller. Je cultive mon corps provocant. Je suis belle et sexy. Je suis jeune et bien faite. Un bon morceau comme ils disent. 

    Je suis indécente. Je suis une catin. 

  • Leur sang est rouge

    Je saigne. Vous saignez aussi. Nous souffrons pour eux à travers mille sacrifices. Sans même en avoir fait le choix, c'est ainsi depuis des siècles. Courber le dos. Ployer sous le poids des épreuves. Baisser la nuque. Fermer les yeux. Sourire pour séduire. Mais un sourire amer. Contraint. Forcé. 

    Ils savent ce qu'ils font. Je sais aussi ce que je fais.  Je les punis. De nous punir d'être née femmes. Je les fait regretter d'être né hommes. 

    Prenez celui de la semaine dernière. Il m'a suffit de deux ondulations des hanches, mouvement du bassin, présentation osée de la poitrine et il n'a pu s'empêcher de me suivre. Comme un toutou. Voilà ceux qui contrôlent le monde aujourd'hui. Leur chair est encore plus faible que la notre. Excitez leur virilité, vous obtiendrez tout d'eux. Ils ne pourront pas dire non. Et lui n'a pas pu dire non. Mais une fois franchi la porte de mon appartement j'ai vu dans son regard qu'il le regrettait déjà. Mon antre, mon cocon, était décoré d'un style que les gens normaux pourraient qualifier de douteux. Des instruments de torture d'un autre âge trônaient dans mon appartement de façon désordonné. Les murs noirs donnaient à ce lieu un air plus lugubre que le plus vétuste des cimetières. 

    J'aimais la peur qu'il tentait en vain de contenir dans son regard. Il m'a fallu moins de cinq secondes pour la remplacer par du désir. Un désir violent. Il s'est jeté sur moi, d'un mouvement brusque il a ouvert ma robe sur mon décolleté. Ses mains se sont retrouvées en sang. Je porte toujours un soutien gorge où de fines lames remplacent la dentelles. De la surprise, son visage trahissait maintenant une terreur à peine voilée. Il a tenté d'ouvrir la bouche, j'ai attrapé le fouet de plomb derrière moi et j'ai lacéré son visage. Puis son corps en entier. Et chaque fois une giclée de sang venait se déposer sur mon corps, sur mes yeux, sur mes lèvres. Ca m'excitait. J'étais en transe. Et plus je frappais, plus j'entrais dans une danse érotique intense. Jusqu'à son dernier râle, où mon corps vécut un orgasme presque douloureux tellement c'était bon.